Les deux font la paire !!!

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Galerie David Pluskwa Art Contemporain du 22 novembre au 28 décembre 2013

Le duo vu par Théophile Pillault

Ils se sont déjà croisés en ce début d’année à la Galerie David Pluskwa – Art Contemporain. L’illustre Jef Aérosol et le phocéen Nicolas Rubinstein avaient alors présenté leurs précieuses morts, dans le cadre de l’exposition collective Vanité(s).
En cette fin de mois de novembre 2013, les deux artistes investissent à nouveau les cimaises marseillaises, toujours sur l’invitation de David Pluskwa. Les deux font la paire sera le nom de cette l’exposition duelle, entre Nicolas et Jef, un binôme profondément épris de matière brute.
Le premier – ingénieur de formation -, est passé par les bancs de l’École Nationale Supérieure de Géologie de Nancy. Un cursus technique, qui imprimera dans l’oeuvre de Rubinstein des marques d’empreintes, de traces, d’ossements, de moulage : “voir à l’intérieur, lire d’un même mouvement l’enveloppe et la structure qui la porte, découvrir l’ossature des êtres et du monde avec la conviction qu’il y a là un secret caché, une explication à trouver”…

Ces quelques lignes pourraient figurer en guise de leitmotiv créatif pour le plasticien. Un artiste en recherche, sur les traces de ses propres vestiges : l’enfance, le souvenir d’âges enfouis qu’il exhume et met à jour dans une oeuvre intense. Oeuvre qui flirte parfois avec une certaine violence. Nicolas aime à faire dialoguer des concepts, des entités qui font la paire : poule et oeuf, innocents jouets à bascule avec des squelettes très explicites, éléphant et souris, personnage de Mickey associé à son double morbide… Des représentations animalières, des ossatures et surtout cette matière, dont il signe le rendu très singulier, cet “os à composer” qui devient la base d’un vocabulaire plastique radical. Au contact de ces oeuvres, on pense au designer suisse H.R. Giger, aux volumes de Louise Bourgeois ou aux visions métalliques d’un Moebius… Et si l’homme a un pied dans la sculpture, il est également mordu d’underground, de sédition, de subculture américaine, entre énergie punk et élans anar’. En somme, un rockeur.
Cette sensibilité libertaire, cette esthétique rock va entrer en résonance, dialoguer avec une personnalité elle aussi tout en relief : Jean-François Perroy, plus connu sous le pseudonyme Jef Aérosol, pionnier du Street art hexagonal, en activité sur les murs et les galeries de France depuis 1982. Un briscard du Stencil Art, qui intervient sur les façades comme sur toile, armé de ses pochoirs. Pour cet accrochage inédit, Jef a pris David Pluskwa au mot : si “les deux font la paire”, alors l’artiste va mettre à l’honneur dans ses oeuvres des binômes historiques, duos attendus ou couples sulfureux. On croisera alors sur les murs de la galerie, Batman et Catwoman, Dalí et Picasso, Marilyn Monroe et John Fitzgerald Kennedy… Mais pas seulement. Car notre homme est né en 1957, en même temps que le Rock. En 1967, en plein Summer of Love, Jef Aérosol a 10 ans.
Autant de réminiscences saturées et acidulées qui peuplent l’imaginaire du peintre, aussi, parmi les passagers de l’exposition phocéenne figureront également au casting : William Burroughs et Allen Ginsberg, deux des anges de la Beat Generation, Gainsbourg et Birkin, Lennon et Yoko, Bob Dylan et Joan Baez, Keith Richards et Mick Jagger. Iggy Pop et David Bowie, Lou Reed et Nico, Johnny Rotten et la reine Elizabeth, Robert Mapplethorpe et Patti Smith, Pete Doherty et Kate Moss seront également de la party. “Mouvement hippie, explosion punk, poussées transgressives d’un Andy Warhol acoquiné à la Factory… Ces icônes, ces étoiles m’ont construit. Elles font partie de mon monde.”

Théophile Pillault, Marseille 2013