13.05.23
Exposition du vendredi 26 mai au samedi 17 juin 2023
Du mercredi au samedi, de 14h30 à 18h et sur RDV sur david@david-pluskwa.com
Mémoire d’atelier n°74 – 2021
Techniques mixtes sur toile – 150 x 118 cm
Galerie david Pluskwa Art Contemporain
53 rue Grignan 13006 Marseille
david@david-pluskwa.com
06 72 50 57 31
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instagram.com/david_pluskwa_art_contemporain
Sébastien Bayet – Le halo des haillons
De la mer vient le monde D’elle viennent aussi les rêves, le voyage, l’ailleurs Elle inspire les
esprits et transporte les coeurs Elle s’installe sur les côtes et offre ses richesses Avec Sébastien
Bayet, la mer s’invite dans les pratiques artistiques Les côtes malgaches entrent dans le
processus créatif, pénètrent dans l’atelier de l’artiste « Une voile qui devient toile » Partir vers
un autre horizon Voilà ce que propose ces tableaux une nouvelle échappée créatrice Partir en
quête de matériaux, voir dans les gestes quotidiens des marins malgaches un geste initial coudre
des bouts de tissus dépareillés, et en faire des voiles de pirogue Poursuivre cet acte, tendre ces
tissus rafistolés, puis peindre Peindre la mémoire de son atelier Quand les pièces de tissus
dialoguent avec la pièce de vie l’atelier de l’artiste Comme des mémoires vivantes, les oeuvres
traversent les espaces de travail après avoir traversé la mer, toujours entre Madagascar et la
France.
Collecter des chutes de tissu, et mettre les voiles La matière première est trouvée des
anciennes voiles de pirogues malagasy Un tissu soumis à l’épreuve des éléments Une étoffe qui
traverse l’usure du temps Un désir de retrouver ce qui dure qu’il est dur ce désir là Rejoindre le
souci des petites choses, en ramassant ce qui est gisant, à terre, ce qui chute Rencontrer
l’humilité des haillons et se lancer le vent en poupe dans un nouage du temps Ces assemblages
hasardeux, ces patchworks, ces raccommodages, ces rafistolages, permettent de retrouver le
récit Rassembler ce qui est devenu épars Renouer la toile organique de la mémoire des peuples
avec ce que l’on a tendance à abandonner Réveiller ce qui sommeille dans l’inutile, l’oublié, le
chiffon Voir dans la petitesse des vieilles guenilles un gonflement de sens et de sensations Les
loques deviennent éloquentes elles disent les petites sensations de l’atelier et des gestes
artistiques
Les voiles de Malagasy se nouent sur un nouveau mat, contentent une nouvelle proue
l’abstraction d’abord, la peinture figurative ensuite Sébastien Bayet ouvre le chiffonnier et met
tout à plat sur la toile Les différents tissus se chevauchent, sont cousus, ou collés nous
aimerions les croire indéfectibles Ils réunissent les diverses perceptions, fruits du travail
artistique La pièce de tissu renvoie directement, par sa couleur et sa matérialité, à des
dimensions olfactives Au fond de cette expérience perceptive la mer toujours, et la vie
insulaire Les tâches d’huile révèlent ce que la toile a traversé Sur la mer d’abord comme voile,
sur la plage ensuite comme nappe, puis comme matière sublimée, comme matériau artistique
Passer d’outil de navigation à ustensile de cuisine pour s’éterniser sur les toiles de Sébastien
Bayet Faire perdurer l’innocence des bouts de tissus usés, tachés, pour que notre oeil s’y perde
et s’abandonne à la contemplation.
La synesthésie opère, les assemblages de tissus retrouvent une atmosphère générale La
mémoire de l’atelier par le souvenir et la présence permanente de ses odeurs Cet espace est
central l’atelier est partout Abstraitement par les formes, couleurs, tâches, usures, coutures,
et figuré petitement, comme sur un timbre, par la peinture à huile La vie de l’atelier vient se
ramasser, se concentrer sur les toiles D’abord par les petites sensations que les tissus
véhiculent, puis par les traits fins dessinant l’atelier et sa lumière La lumière demeure la source
elle organise le visible et nourrit la toile en offrant à l’atelier sa profondeur L’atelier est
l’espace personnel de l’artiste son espace principal Le seul site qui peut lui offrir une identité
La toile devient une fenêtre sur l’intérieur Une ouverture sur ce qui se concentre dans l’intime
Une amorce sur ce qui se noue au dedans de nous mêmes Une déchirure retrouvant une
unité Ce que nous sommes et ce que nous devenons au travers de nos vies Unis dans nos
failles, et permanent dans nos propres identités.
Comme un éloge de la faiblesse, comme un dieu qui s’abaisse Dieu s’est fait homme, et l’art
sublime son haillon Dans cet abaissement fondamental, la création devient humilité Nous
retrouvons la simplicité et la modestie de la matière réutilisée Ce qui était préalablement sans
valeur devient valeur suprême force artistique Parcourir les toiles en portant au coeur la
sagesse des choses Ne jamais oublier que ce qui nous paraît insignifiant et pauvre constitue en
réalité les trésors de notre mémoire et de notre intimité.
Perez François Xavier