4.09.22

SKUNKDOG « HIC ET NUNC »

Exposition du 15 septembre au 8 octobre 2022

 

du mercredi au samedi de 14h30 à 19h et RDV sur

 

david@david-pluskwa.com

par sms : 06 72 50 57 31

Galerie David Pluskwa Art Contemporain
53 rue Grignan 13006 Marseille

 

 

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Vincent, Techniques mixtes sur toile, 114×195 cm

 

 

 

Skunkdog ou la peinture de la pensée

 

Issu du Street-Art et de la révolte sociale portée par le mouvement punk, l’art de Skunkdog n’a, cependant, cessé de s’enrichir, d’exposition en exposition. Au-delà du geste artistique et de la satisfaction résultant d’un agencement réussi de lignes, de signes et de couleurs sur la toile, il s’agissait tout d’abord, pour cet autodidacte passionné, de connaître la longue histoire de la peinture afin de s’y relier à son tour. Si chaque peintre doit nécessairement se forger un langage propre, cela ne peut être dans l’ignorance de tous ceux qui l’ont précédé dans la longue chaîne de l’expression humaine. Encore faut-il ne pas répéter béatement leurs expériences et leurs acquis mais les reformuler au profit du présent et non du passé.

 

Cet effort d’actualisation était déjà sensible dans les anciennes toiles de Skunkdog, tant dans ses ornementales figures abstraites que dans le motif central de ses tableaux, souvent en rapport avec des thèmes classiques et religieux (Adam et Eve, la Crucifixion, Saint Sébastien), quoique d’une signification entièrement réorientée. A travers ces citations – ou ces parodies – on sentait bien que Skunkdog voulait nous amener vers des préoccupations plus personnelles. Et le leitmotiv du robot, dont le casque schématisé masquait le visage de ses personnages, n’était pas le moindre indice.

 

Le déclic en lui s’est produit lors de sa visite de la cathédrale d’Issoire et de la découverte des dessins de Luca Cambiaso. Ce maître gênois de la Renaissance tardive avait un sens parfait de l’anatomie humaine et de son expressivité, comme on peut le constater dans ses nombreuses compositions. A partir de là, Skunkdog a entrepris de souligner davantage les détails corporels de ses personnages centraux, insistant sur les effets de relief musculaire, ramenant à deux ou trois tons sa gamme chromatique, ajoutant à ses fonds de larges couches pigmentées, réduisant aussi la part de l’ornementation. Il en résulte des œuvres plus équilibrées, visuellement plus harmonieuses, mais qui n’en poursuivent pas moins le même discours silencieux sur l’évolution humaine. Car ce que Skunkdog met en scène, c’est sa vision d’une humanité appelée à se robotiser pour se renouveler et poursuivre sa prodigieuse aventure. D’où ces corps hybrides, ponts entre l’humain et la machine, pour échapper aux limites naturelles de notre condition.
L’avenir donnera-t-il raison à ses spéculations transhumanistes ? Nous nous garderons bien de l’affirmer avec certitude. Mais ce qui est, en revanche, certain, c’est qu’il retrouve, avec ses mythes personnels, les chemins d’une narrativité picturale que l’on croyait figée dans son glorieux passé. Rien ne se perd, tout se transforme et Le radeau de la Méduse aura, demain peut-être, la forme d’un astronef sous ses pinceaux.

 

Jacques Lucchesi